Noël, c’est aussi ça.

Je dois avoir 9 ou 10 ans, probablement un de ces Noëls que j’ai passé seul avec mon père dans notre grande maison de Dunham.

J’attends dans ma chambre pendant qu’il confectionne mon cadeau. Impatient, je zieute du haut des marches. Ce n’est qu’un seul cadeau, mais c’est aussi un baume sur mon cœur d’enfant un peu perdu.

Au bout de l’attente interminable (10 minutes, à 9 ans, c’est long !), mon père me demande de descendre. Je m’assois sur le plancher chauffant, une enveloppe dans la main. Aussitôt que j’aperçois les couleurs bleu, blanc et rouge, je devine que je vais aller voir un match du CH.

À l’écran, ma nouvelle famille partage leur joie qui se mélange à mon excitation. C’est un premier Noël avec eux, le premier de ce qui sera la coutume.

Aller voir un match de mon équipe favorite avec mon père, c’était toujours un moment fort dans ma vie, durant une année durant laquelle nous vivions au rythme des portes d’aréna qui s’ouvraient, au rythme des arbres sur la route, au rythme des devoirs, au rythme de la vie.

Le hockey et Noël, ç’a toujours été un combo indissociable. Regarder le tournoi de hockey junior international à la télé pendant des après-midi complets, puis aller passer le reste de la soirée à la patinoire du coin jusqu’à me geler le bout du nez. Partir à Magog, voir la famille pour fêter. Amener son filet de mini-hockey, me planter dans le sous-sol et attendre qu’un de mes cousins me défie entre deux lancers de dards au mur. Tradition qui perdura pendant quelques années.

Noël chez ma grand-mère, c’était aussi ça. Tournoi de dards dans le sous-sol, mélange d’odeur de cigarettes, de craie et de bière. À l’étage, mélange de paquets de cartes, de rires et de plateaux de sandwichs pas d’croûtes. Des espèces de tradition qui reste et qui anime notre famille. Passer de jeune enfant espiègle qui ne réalise pas encore l’importance de ces moments à un jeune adulte qui apprécie les moments qui ont marqué son enfance.  

Au fil des années, nous avons perdu des gens, nous en avons gagné d’autres, certains ont changé de chemin, d’autres se sont greffés l’instant d’une portion de la route avant de débarquer à l’arrêt d’autobus. À chaque Noël, j’ai une pensée pour tous ceux qui nous ont quittés et pour tous ceux que je vais revoir.

Notre Noël familial a perdu plusieurs plumes au fil des années. Il nous reste comme désir de trouver des façons de faire rayonner cette période, de créer d’autres souvenirs, de se remémorer d’autres temps plus léger. Car, Noël, c’est aussi ça.

Se forger une identité, qu’elle soit familiale ou personnelle, à travers les traditions, les joies, les tristesses, ça reste un moment important à partager avec son clan. Je trouve que le temps des fêtes, c’est le moment parfait, à travers la folie des soirées qui s’enchaînent, pour arrêter le temps et vraiment absorber le fait que nous sommes une partie de quelque chose qui nous dépasse nous-même.

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